"J.H. Quetch cherche J.F Lapichon pour relation amicale (et plus si affinités)."Je n'ose imaginer ce que donnerait ce genre d'accointance entre une Bouboule exaltée et un Grobos revêche...
Soustrayez de ces quelques mots mon esprit mal à propos, retenez les noms des protagonistes puis ajoutez une aura épique: vous obtenez
un univers plein d'humour et de gentille passion, un cadre qui illustre plutôt bien ce jeu.
Parce que son allure enfantine ne cache pas totalement la prétention que l'on devine aisément sur la jaquette: Twinsen vous invite à le rejoindre dans une insignifiante odyssée hors du commun, et plus si affinités.
Oui c'est antinomique, on aime ou on aime pas, faut essayer pour en saisir toutes les nuances vives et colorées. Pour ma part je frétille comme un tout jeune lapichon, ravi de pouvoir galoper du bout des doigts dans les couloirs du métro. Et non je ne mettrais pas mes écouteurs, je veux que tout le monde en profite!
Mais attention, il y a aussi des ennemis hostiles sur cette planète étrange! Avez-vous déjà essayé de les affronter?
Un succès émérite au sein des abandonwares ne prédit pas la réussite d'un portage aussi radical, au contraire la méfiance est au rendez-vous... Soyons francs: LBA ne bouscule pas seulement par son scénario, sa nature et l'agitation de ses protagonistes.
Sa réputation le précède surtout vis-à-vis du gameplay imposé. Flèche du haut pour avancer... De quoi semer le trouble chez plus d'un joueur quand le personnage se dirige vers le bas de l'écran! Alors faut-il résumer une œuvre entière à ce seul constat? Malheureusement, le rapport au public est ce qui la défini. Et tout compte fait, c'est aussi ça qui a contribué au succès du jeu, du moins chez ceux qui y ont exercé leur intelligence spatiale.
Aujourd'hui adieu manettes et bonjour écrans tactiles, avec LBA on aurait pu s'attendre à un bouleversement taquin et cabotin en matière de casualisation. Que nenni,
l'éditeur ne prend pas ce risque et préfère rafraîchir le jeu. Le défi est-il relevé avec brio, ou risque-t-on de ronchonner de mauvaise foi contre un gameplay qui met à mal un doigt boudiné et drôlement esseulé? Je vous l'avoue, on sent bien les deux revers de la médaille. L'antinomie est respectée, alors mieux vaut positiver et se convaincre que c'est un hommage. Quoi qu'il en soit,
LBA était un fier révélateur de son époque, et il le reste.
Maintenant ce titre souligne combien nous ne sommes qu'au début d'une nouvelle expérience en terme d'interface, avec des aléas partiellement maîtrisés. Quant aux graphiques,
la qualité made in 1994 est tout simplement parfaite pour ce nouvel usage.
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Zoom/dé-zoom novateur pour cet opus, un bénéfice requis pour s'adapter à toutes les tailles d'écran.
(moins de 4 pouces: s'abstenir. Au-delà: le plaisir s'accroit quand l'effet se recule).
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Fusion fluide et réussie des différents comportements (normal/sportif/agressif), et distinction du mode discret. Les adeptes de l'infiltration apprécieront, bien que ce ne soit pas un aspect substantiel du jeu d'origine.
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Dialogues respectés: inutile de crier "appuie sur la touche action!" pour expliquer les contrôles du jeu puisqu'il n'y en a plus. Eh bien les fervents nostalgiques garderont leur sourire au coin des lèvres un bon moment,
ce portage a été fait avec soin et attention, et la qualité sonore est au rendez-vous également. Au passage, l'aura verte ou rouge qui encercle les personnages est correcte, bien que non-désactivable.
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Distance des sauts ajustable: un réel PLUS! Dommage que le doigt cache la zone d’atterrissage... Sur un petit écran on subit cet inconvénient propre au tactile. Mais globalement c'est réussi et bien pensé.
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Sauvegarde automatique adaptée à la gestion des niveaux inhérente de l'époque.
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Inventaire revu. Hormis le HUD, c'est l'un des seuls changements graphiques et il est appréciable.
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Action fluide: il suffit de s'arrêter précisément au bon endroit pour interagir avec l'environnement du personnage. Valorise judicieusement le doigté, en respectant le rythme attendu du tactile.
- D'horribles
icônes indicatives envahissent le jeu. Aussi discrètes soient-elles, on sait combien elles sont symptomatiques de notre époque, et on ne peut malheureusement pas les désactiver. Heureusement, elles ont globalement été placées avec soin (bémol: je ne peut pas encore accéder aux sceaux cachés de Sendell, je modèrerais mon avis plus tard si besoin).
- Il faut vraiment un
temps d'adaptation pour assimiler le déplacement du personnage, et l'alternance proposée: soit tapoter, soit laisser le doigt appuyé. Ce choix permet au joueur de s'adapter aux différentes circonstances, toutefois on sait combien la dichotomie intellectuelle requise va à l'encontre de l'instinct généralement attendu sur tactile. Pour ma part j'approuve totalement ce subtil critère qui favorise la maîtrise du jeu, quoique de toute façon
l'accessibilité du titre restera limitée à la volonté des joueurs de tolérer les imperfections du titre d'origine. Si l'on compare ce critère à la version 1994,
l'évolution est très positive: plus instinctif, mais requiert un contrôle actif et réfléchi... Considérons qu'il faut ruser pour éviter de rester coincé derrière un poteau.
--- Saut et balle magique confondus, c'est
LA malédiction de LBA version 2014: on devient nul quand on a qu'un doigt...
D'habitude je tombe volontairement dans les pièges du temple de Bû afin de tout explorer, cette fois j'ai cru que je n'en sortirais pas sain d'esprit! On peut presque crier au génie: ce niveau gagne en puissance puisqu'il a été spécialement pensé pour ça! ^^ Cependant il faut être très motivé pour dépasser cette contrainte et s'affranchir des pièges volontairement disséminés par le développeur. La difficulté a muté, dorénavant c'est l'enchaînement des sauts et des attaques qui pose souci: les phases rythmées deviennent un calvaire. Et personnellement je regrette très amèrement que cet inconvénient puisse probablement inciter nombre de joueurs à combattre à mains nues plutôt que d'user innocemment et plus raisonnablement de la balle magique. C'est
LE symbole de LBA!!! Du fait de mon écran réduit il faut encore que je m’entraîne à glisser mon doigt rapidement pour l'activer, mais vu que plusieurs combats s'apprécient par la proximité de l'ennemi, on en vient à remercier le niveau de difficulté rabaissé, et c'est bien dommage à mon goût! ^^'
NSP: pas de lag ni d'autres soucis inattendus, excepté de temps à autre quand je reçois un message. Je n'ai pas testé sur mon vieux smartphone.
En espérant vous avoir donné envie, ou mieux encore avoir réveillé une nostalgie amicale...
Ce jeu reste un pur plaisir à (re)découvrir, avec un gameplay qui a au moins le mérite d'être différent, et qui est suffisamment réussi pour convertir un vieil aficionado tel que moi:
LBA n'a jamais aussi bien porté son nom que depuis qu'on peut le glisser dans sa poche. On peut même dire que Twinsen a enfin atteint sa juste "dimension"...
Pour ma part j'ai fini de relire avec plaisir les indications qui concernent le pirate Leborgne, et maintenant je remonte dans mon catamaran en direction de son trésor!