Citation:
Sauf que justement, si. On s'en cogne si le méchant apparait au 1er, au 5e ou au 12e chapitre d'un livre, s'il apparait, il existe, et donc, il doit être vaincu (ou doit gagner), c'est une impasse que de dire que parce qu'il apparait seulement a un moment donné, c'est pas le grand méchant de l'histoire. Tu le dis toi même que Solidus est révélé comme pas un si grand méchant que ca. Faire intervenir un méchant plus gros que l'ancien, c'est un rebondissement classique dans pas mal d'oeuvre, que la menace soit connue de base ou non, n'en fait pas pour autant une non existence. Quand tu finis MGS2, tu veux savoir ce que c'est les Patriots. C'est un système, mais pas que, vu qu'ils tirent les ficelles. Y a un truc derrière, donc tu veux savoir, et comme je l'ai dis plus haut, une seule phrase flingue l'effet de fin. Une seule.
Pas envie de m'embarquer dans un dialogue de sourds infini.
Ce que je tente d'expliquer, c'est que les Patriots ne sont pas le centre de MGS, au moment de MGS 2, et n'existent même pas dans MGS 1.
Une analogie limite que je pourrais prendre, c'est l'Empereur dans la trilogie originale.
Est-il au dessus de Darth Vader ? Oui. Est-il l'enjeu de Star Wars ? Pas vraiment.
D'un point de vue oui, parce que la trilogie originale raconte la Rébellion contre l'Empire ; encore que, l'Empire n'est pas vaincu à la fin du 6, même s'il prend un coup sévère.
Surtout, c'est Darth Vader, tant à l'écran que dans l'écriture profonde de Star Wars, qui est l'antagoniste. C'est lui qui est lié à Luke, et c'est lui et sa rédemption qui est l'enjeu de la trilogie originale.
La trilogie originale aurait pu se finir sans que le sort de l'Empereur soit déterminé ; elle n'aurait pas pu se terminer sans que le sort de Vader soit déterminé. Mais c'est en cela que l'analogie est limitée ; l'Empereur prend un rôle central dans l'épisode VI, si bien que connaître son sort est requis. S'il avait eu un rôle plus discret, comme dans le V, la trilogie aurait pu se finir sur la défaite de la deuxième Etoile Noire et de Vader, sans que l'Empereur soit vaincu. Et oui, ça aurait laissé une fin ouverte, laissant à l'imagination la suite du combat contre l'Empire - 'fin, à l'encre plutôt parce que $$. Et d'ailleurs, même avec la mort de l'Empereur, c'est ce qui s'est passé, des tas de bouquins, jeux et autres sont venus tenter de raconter la suite.
Mais intrinsèquement, c'est Vader qui est au centre de la trilogie, avec Luke. De la même manière, c'est le trio Liquid / Solid / Solidus qui est au centre de MGS 1 et 2, avec Raiden qui y est ramené scénaristiquement par ses liens avec Solidus et le jeu d'un joueur de l'ombre, formellement par le fait de mettre en perspective l'expérience de MGS 1 et montrer en quoi MGS 2 est et n'est pas MGS 1.
Mais voila, on ne sera pas d'accord, donc on peut sans doute arrêter là. La phrase de fin ouvre à l'imagination ; elle annonce - j'en ai parlé dans les posts précédents - qu'encore une fois, le protagoniste a été manipulé et n'a pas vraiment gagné. Et oui, elle ouvre une fin possible. Mais nécessaire ? Non, pas vraiment, pas à mon sens. MGS 2 résout son enjeu et ses intrigues, tout en refusant au joueur un vrai happy end, parce que ce n'est pas la manière de faire de Kojima.
Effectivement, la fin de MGS 1 révèle qu'il y a un autre Grand Méchant derrière tout ça... Et MGS 2 aussi... Et MGS 3 aussi... Et PW aussi... Le seul à ne pas le faire, c'est MGS 4, parce qu'il n'est pas fait avec de bonnes intentions. Le dialogue de fin répond au trope des MGS, qui est que ce n'est jamais fini, qu'il y a toujours un layer supplémentaire, qu'on ne voit pas immédiatement. C'est un cycle infini, par définition et c'est ce qui n'a pas été compris, ce qui a poussé Kojima à faire MGS 4 à contre-coeur, pour casser ce cycle, quand bien même ça impliquait de dénaturer son œuvre.
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D'ailleurs, je fais encore une aparté, mais la fin de MGS 2 annonce que, sur le plan du scénario, les Patriotes n'ont pas été défaits ; pourtant, formellement, ils ont été vaincus et Raiden s'est affranchi de leur détermination et de leur plan. Raiden, à la fin de MGS 2, est vainqueur face aux Patriotes, sur le plan formel et métaphorique/physique, en cela que les Patriotes sont le Système, et le Joueur.
Et du coup, en faisant envers et contre tout MGS3, puis MGS4, les Patriotes triomphent puisque ce qui devait être une fin a appelé d'autres jeux, reprenant la même structure, la même "formal map", grosso modo, le même schéma, les mêmes équipes de boss. Donc en cherchant à connaître la fin des Patriotes pour ce qui est de l'histoire, on leur offre le triomphe sur le plan formel. Ironique.
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Citation:
Pour info, je suis très fan des Harry Potter, j'ai bouffé les livres a une vitesse c'est ahurissant. Y a pas de twist a la fin de HP6 qui te fais dire: OMG il va se passer quoi dans le 7, Rowling a pas dit a la fin du 6: ouais en fait Voldemort est une marionnette du grand roi sorcier démon, il fait que ce qu'il lui demande, d'ailleurs il a aucun pouvoir en fait Voldemort, c'est l'autre qui a tout fait (impliquant que ce que Dumbledore lui a filé comme astuce pour buter Voldemort est faux, et inutile, ramenant le héros a rien du tout, et n'ayant aucune chance de finir le boulot).
Je me suis mal exprimé en effet j'ai fait une généralisation (sauf que c'est comme ca que je parle en fait, my bad), je voulais dire que c'était quand même plus facile d'attendre de savoir quoi dans les HP que dans les MGS, vu qu'il n'y avait aucune grande question a répondre autre que: qui va gagner a la fin ? Harry ou Voldemort. C'est trés fermé, y a pas grand chose a s'attendre. Contrairement a MGS qui redistribue sans arrêt les cartes.
'sais pas, j'avais beau avoir décroché des HP à l'époque, j'ai acheté le 7 à sa sortie anglaise, je l'ai fini dans les jours qui ont suivi, pour savoir la fin. Pas besoin de twist pour créer le suspense dans ce cas là : on a une série qui a été construite en entier pour mener à une confrontation finale. Harry Potter a été conçu dès le début comme une histoire divisée en 7 tomes.
MGS, c'est plein d'histoires différentes, imaginées au fur et à mesure, qui partagent un univers commun et des thèmes communs et qui se répondent, et tentent d'être cohérents - et y parviennent, la plupart du temps.
Citation:
Et je suis sur que MGS fait autant parti du monomythe que HP (d'ailleurs, la théorie veut que n'importe quelle oeuvre de fiction soit une branche de ce monomythe, donc si on croit en cette théorie, oui MGS est comme ca).
C'est un sujet qui me passionne, alors je vais aussi répondre à ça, quitte à partir un peu hors-sujet.
On va lancer le tl;dr initial : non.
D'abord, on ne "croit" pas ou non à une théorie ; on a une opinion à ce sujet, mais ce n'est pas une "croyance". Une théorie, on l'utilise / l'applique ou non, on la trouve pertinente ou on la réfute, mais la question n'est pas d'y croire ou de ne pas y croire.
Le monomythe, c'est plus un prisme qu'autre chose, un outil conceptuel ; c'est une manière d'analyser et de relire une histoire, d'en extraire la moelle pour comprendre comment elle est fabriquée, et pourquoi elle marche.
Cela provient de l'étude des mythologies, qui avait déjà, avant cela, montré sans le conceptualiser que les mythologies étaient très semblables en plein de points. Notamment, la plupart des mythologies ont un épisode de Déluge, etc. ; sans parler des correspondances étymologies entre les noms des divinités.
Bref, le Héros aux mille et un visages va un peu plus loin et propose une lecture des mythes en les analysant, pour montrer que le schéma narratif des mythes se fait écho, dans des civilisations pourtant très éloignées - il y a notamment une analyse des mythes sur Jésus et sur Bouddha montrant leur utilisation de cette structure.
Cependant, ce n'est absolument pas quelque chose de systématique : Campbell ne prétend jamais que toute oeuvre de fiction utilise le monomythe ; il explique qu'un certain nombre de mythes importants, dans des cultures n'ayant rien à voir les unes avec les autres, peuvent être lus en suivant ce schéma narratif.
A partir de quoi, son livre et ce schéma est réutilisé pour aider à façonner des histoires ; et notamment, c'est assez connu, par George Lucas qui s'en inspire énormément. Disney, également, utilise énormément la structure du monomythe pour façonner ses histoires. C'est du coup assez ironique, parce qu'on a un mec qui étudie des mythes et analyse leur construction en remarquant que c'est assez semblable, et des mecs qui disent "tiens, ça fait donc des millénaires qu'on fait des histoires qui fonctionnent bien en suivant ce schéma ; cool, on va l'utiliser, ce schéma".
Mais, encore une fois, cela ne veut
absolument pas dire que toute œuvre de fiction correspond au Voyage du Héros.
"A hero ventures forth from the world of common day into a region of supernatural wonder: fabulous forces are there encountered and a decisive victory is won: the hero comes back from this mysterious adventure with the power to bestow boons on his fellow man."
Ajoutons que c'est une analyse des mythes excessivement occidentale ; je lisais justement un bouquin d'un type ayant bossé sur des scénar' de Disney pendant un bout de temps, qui expliquait que c'était le Voyage du Héros était à la fois un guide et un piège, parce qu'on se retrouvait vite à vouloir le reproduire partout, alors qu'il y a tout à fait moyen de faire des histoires intéressantes s'en éloignant, et surtout qu'on perdait une partie du public parce que voyager un peu montre que différentes cultures ont une approche assez différente de ce qu'est un scénario, une bonne histoire et de comment elle est construite. L'Australie en est un exemple, mais également les pays asiatiques (Chine, Corée... Et également Japon ; une bonne partie des films du Studio Ghibli ont une structure narrative assez différente de celle utilisée en Occident).
Mais tout cela n'a rien à voir avec le sujet.
Edit :
Histoire d'appuyer mon propos sur le monomythe :
https://vimeo.com/118471437C'est une oeuvre de fiction, bon courage pour déconstruire ça sous le prisme du Voyage du Héros.
(bon, en vrai, c'est juste que c'est un superbe court-métrage et que ça me donne une occasion de le partager)