Etsu Tamari : J'ai entendu dire que vous étiez allé dans trois pays différents.
Hideo Kojima : C'est un jeu pour la PS3, et les joueurs s'attendent à ce que les arrière-plans soient extrêmement détaillés et réalistes. Nous nous sommes donc rendus dans trois lieux : au Maroc, au Pérou et à Prague. Nous avons envoyé six ou sept personnes dans chaque endroit, généralement moi, les concepteurs de décor et les scénaristes.
Et nous sommes aussi allés dans différents autres lieux : une fonderie, des canalisations, des salons militaires.
Etsu Tamari : Quelle sorte de ressources ces lieux vous ont-ils apportée ?
Hideo Kojima : Des ressources vidéo, bien sûr, et des dizaines de milliers de photos. Nous avons également enregistré des sons pour les utiliser notamment lors de la modélisation en 3D. Les photos en elles-mêmes ne vous donnent pas l'impression réelle d'y être. On a donc parcouru la ville du lever au coucher du soleil, on a visité toutes sortes d'endroits, on s'est familiarisé avec les odeurs, l'atmosphère, les produits locaux, les spécialités gastronomiques, etc. Nous avons rassemblé tous ces éléments, puis nous avons réfléchi à la manière de les intégrer dans le jeu. On ne sait pas exactement ce qu'il faut pour avoir la sensation d'être dans un lieu jusqu'au moment où on a visité effectivement ce lieu. Évidemment, aujourd'hui, on peut aller à la bibliothèque ou surfer sur Internet si on veut des photos. Mais cela ne vous renseigne pas sur les odeurs de ce lieu ni sur sa chaleur.
Au Pérou, l'équipe a été vraiment malade à cause du mal d'altitude, et beaucoup d'entre nous ne pouvaient même plus bouger (rires).
Mais c'est essentiel d'avoir eu nous-mêmes ce genre d'expérience, avant que nous puissions la retranscrire dans le jeu.
D'habitude quand vous allez dans un pays, les locaux ne vous montrent que les bons coins.