Durant cette formidable Master Class qui s'est déroulée mercredi soir au MK2 bibliothèque à Paris,
Yoji Shinkawa s’est exprimé sur ses débuts dans le dessin et sur son tout premier travail au sein de Konami. Et si aujourd’hui, Yoji Shinkawa aime énormément d’artistes des quatre coins du monde, sa première inspiration était sa maman, quand il était tout petit.
« Mon premier lien avec les arts -- ou plutôt les dessins -- c’était quand ma maman s’amusait à me faire des petits dessins simples et qu’elle me les donnait. Ça m’impressionnait beaucoup. C’est surtout ça qui m’a donné le déclic et l’amour du dessin. Ma maman n’était pas particulièrement douée en dessin. Mais le fait de la voir tracer des lignes, et au fur et à mesure de ces lignes qui s’ajoutaient les une après les autres de voir que ça prenait vie, que ça prenait forme, ça m’a considérablement impressionné. Depuis cette époque, il y a une magie du dessin que j’aime. »
« Je vais vous montrer le dessin qui m’a impressionné »
« Ce qui m’intéressait, ce n’était pas forcément le dessin en tant que tel, mais c’était la façon dont les formes prenaient vie avec chaque ligne. J’ai continué à dessiner pendant toute mon enfance, et puis j’ai fais mes études d’art dans une école à Kyoto spécialisée dans la peinture à l’huile. J’étais dans la région du Kansai (région Osaka, Kyoto), et pendant ma dernière année de fac, il a fallu que je fasse des recherches d’emploi pour trouver du boulot. Comme j’aimais les jeux vidéo, la plus grosse société à ce moment là c’était Konami. C’est là que j’ai postulé en tant qu’artiste. Et j’ai été recruté par Hideo Kojima. »
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Florent Gorges et Yoji Shinkawa
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« La première mission que l’on m’a confiée, puisque je suis rentré chez Konami en 1994, c’était de dessiner Metal Gear REX. C’était la mission que Monsieur Kojima m’avait donnée. J’ai fait des tas de tentatives par dessin. Le souci c’est que je n’y arrivais pas. Ce n’était pas vraiment concluant. En fait, j’avais un petit problème avec les volumes. Donc, je me suis dit que comme je n’y arrive pas en deux dimensions, j’allais le faire en 3D. En rentrant chez moi, je me suis amusé à faire des maquettes de REX pour voir ce que ça pouvait donner. C’était mon premier travail en relation avec Metal Gear. »
« Repenser totalement le personnage de Snake qui existait déjà était une mission que m’avait confiée Monsieur Kojima. Les seuls véritables conseils qu’il m'avait donnés c’était d’utiliser la musculature de personnage de cinéma comme par exemple Jean Claude Van Damme notamment. J’ai réalisé un certain nombre de dessins. Je me suis amusé à faire exactement ce qu’il me plaisait, quel était mon idéal en terme de héros masculin. Mais par contre, il y avait une chose qu’il ne fallait absolument pas que j’oublie c’était le bandana. C’était l’élément indispensable pour que Snake reste Snake. »
« J’adore dessiner des femmes sexy, ça je ne vais pas vous mentir. Après, j’aime aussi beaucoup les mécaniques, notamment les robots. Au Japon, il est vrai que nous avons une culture du robot qui est très présente mais je fais toujours en sorte de rendre mes robots le plus sensuel possible. Et le jour où j’arrive à dessiner un robot qui parait un peu sensuel, pour moi c’est un dessin réussi. J’adore les voitures, et je suppose que parmi vous c’est aussi le cas. Vous avez tous déjà vu que les voitures ont des courbes sexy. C’est un petit peu cette sensation que je recherche aussi quand je dessine des robots, arriver à donner des formes sexy à la mécanique. »