Depuis le 19 mars dernier, plus un mois ne passe sans que
« l'affaire Kojima Productions » ne fasse parler d'elle. Cette fois, c'est la célèbre et talentueuse
Rika Muranaka qui a été interrogée sur ce triste spectacle.
Note : Nous avons préféré attendre la publication de l'interview pour traduire les véritables propos de Rika Muranaka plutôt que d'écrire une actualité à la hâte basée sur un « quelqu'un a dit qu'elle aurait dit que » comme de nombreux sites "pros" l'ont malheureusement fait ces dernières heures.
Rika Muranaka a travaillé sur de nombreuses musiques de
Metal Gear Solid. On lui doit des titres marquants tels que l'inoubliable
"The Best Is Yet to Come" de
Metal Gear Solid, les deux
"Can't Say Goodbye to Yesterday" de
Metal Gear Solid 2 ou encore
"Don't Be Afraid" de
Metal Gear Solid 3. Elle a également apporté sa collaboration sur des titres comme
"Snake Eater" ou de
Metal Gear Solid 4 en tant que productrice. On retrouve également son nom dans les génériques de Silent Hill ou de Castlevania Symphony of the Night. Bref, que du lourd !
Dans une interview vidéo accordée à
Metal Gear Central, Rika Muranaka a donc été invitée à donner son avis sur
« l'affaire Kojima Productions », elle qui connaît si bien le papa de Snake puisqu'elle a travaillé de nombreuses années à ses côtés. D'après Rika Muranaka,
Hideo Kojima est contraint de quitter Konami parce qu'il n'est pas un très bon businessman. « À partir de Metal Gear Solid 4, Hideo Kojima était très occupé par son poste d'exécutif chez Konami, alors que son travail lui prenait déjà beaucoup de temps » commence par expliquer Rika Muranaka. « Son équipe est passée à 300 personnes, alors que nous étions 20 quand on a commencé. À l'époque, l'ambiance était beaucoup plus relax. »
« Depuis que la série a fait un carton, Hideo Kojima a commencé à avoir des opinions divergentes avec les membres du comité exécutif et les actionnaires » continue Rika Muranaka. « Désormais, Konami était devenue une grosse firme. Ce n'était plus un environnement créatif. C'est pourquoi, je crois que la créativité a beaucoup souffert. Je pense que c'est la raison pour laquelle Hideo s'est fait renvoyer. Son sens des affaires n'était pas au rendez-vous. C'est un créateur, et les créateurs ne se soucient pas des problèmes comme l'argent ou des budgets. Hideo a donc continué à créer des jeux de la même manière, c'est-à-dire qu'il travaille jusqu'à ce qu'il sente que le jeu soit terminé. Si ce n'est pas le cas, il continue de travailler dessus
[ndlr : comprenez, repousser la sortie jusqu'à satisfaction du produit fini.]Il est comme ça, Hideo. Et une compagnie ne peut pas continuer à avoir des employés comme lui. Elle lui faut un budget et des délais fixes. Mais Hideo ne pense pas de cette façon. Il créé seulement ce qu'il a envie de créer. »
« Bien sûr, Hideo avait toujours une idée sur la date de sortie d'un jeu. Mais lorsqu'il avait besoin d'un délais, il ne savait pas dire combien de temps il lui fallait. En outre, il a créé en parallèle un moteur de jeu
[ndlr: le Fox Engine] qui a pris beaucoup plus longtemps à être réalisé qu'initialement prévu. C'est en partie pour cette raison que le jeu va sortir aussi tard. Il y a aussi eu beaucoup de choses
[notamment en termes de business] qu'il n'avait pas anticipées.
C'est un créateur, un très bon créateur, l'un des meilleurs. Mais ce n'est pas vraiment un bon businessman. Dans une grosse compagnie comme Konami qui compte plus de 6000 employés, vous devez avoir le sens des affaires, sinon vous ne savez pas comment récupérer l'argent investi. Quand on vous verse 200 millions de dollars
[pour un projet], il faut les récupérer ensuite. »
« Il faut faire des bénéfices, mais Hideo Kojima ne pense jamais aux bénéfices. Il pense que si le produit est bon, il se vendra. C'était le cas à l'époque où on travaillait à 20, mais à 300... Il faut être capable de rentabiliser les dépenses. Hideo Kojima ne pensait pas de cette façon.
Son salaire n'a pas bougé depuis 20 ans. [...] C'est ce que je sais, je ne pourrais pas le confirmer, mais il ne vit pas de façon fantaisiste à la hollywoodienne. C'est un
"salaryman" japonais, son salaire est mensuel et c'est tout. Il ne touche même pas de prime. Konami n'est pas le genre à donner des primes à ses employés. Ces derniers sont seulement payés un peu plus comparé à d'autres compagnies de jeux. Peu importe le succès que connait la série, ils ne touchent pas plus. Avant ils partageaient un peu les profits, mais ils ont arrêté. Même si le prochain jeu fait des millions de ventes, Hideo Kojima ne touchera pas un sous de plus. C'est une gestion différente par rapport aux compagnies de jeux vidéo américaines. C'est pourquoi, Hideo Kojima continuait de travailler comme il l'a toujours fait, sans se soucier du reste, puisque sa paye reste la même. »
Nous vous parlerons très bientôt de l'autre partie de cette interview qui concerne le travail de Rika Muranaka sur la série. Elle y parle notamment de
Metal Gear Solid V : The Phantom Pain sur lequel elle n'a pas eu l'occasion de travailler pour des raisons budgétaires. Toutefois, elle n'en veut pas à Hideo Kojima. Elle lui a même recommandé de se tourner vers
Harry Gregson-Williams. Quant à la situation de Hideo Kojima, elle pense que c'est une bonne chose car il sera enfin libre de faire ce qu'il souhaite.
Metal Gear Central