Depuis que
« l'affaire Kojima Productions » a éclaté publiquement le 19 mars 2015, de nombreux éléments portent à croire que
Hideo Kojima s'est très sérieusement embrouillé avec
Konami, l'éditeur japonais pour lequel il travaille depuis 1986. Au fil des semaines, les événements ne cessent de s’enchaîner à l’encontre de Konami. Pourtant, la prudence est mère de sûreté.
Tout a commencé par la suppression du site de Kojima Productions, de ses comptes Twitter et Facebook, avant que Konami confirme timidement la dissolution de Kojima Productions. S’en est suivi de la disparition des mentions
« Hideo Kojima » sur les boîtes de jeux et sur le site de
Metal Gear Solid V, l’annulation du projet
Silent Hills avec
Guillermo del Toro et
Norman Reedus, pour finir (espérons-le) par la suppression total du teaser jouable
P.T. sur le PlayStation Store.
Suite à tous ces événements malheureux, il est difficile de ne pas être déçu et de ne pas penser que Hideo Kojima soit la victime de tous ces événements. Sur la toile, de très nombreux joueurs et
journalistes expriment toute leur consternation et leur mécontentement envers Konami, mélangeant parfois humour et vulgarité.
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Quelques exemples de réactions que l'on trouve sur la toile.
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L'absence de toute explication concrète, sans langue de bois, de la part de Konami Japon n'arrange évidemment pas les choses, bien au contraire. Et je pense qu’il s’agit-là d’un des principaux problèmes de cette affaire. Konami donne cette impression désagréable de ne pas comprendre l’utilité de crever l’abcès, comme si l’éditeur japonais avait quelque chose à se reprocher. Konami souhaite peut-être attendre sagement la sortie de
Metal Gear Solid V pour s'exprimer sur cette affaire. Mais en réalité, et peu importe ce qu’il se passe vraiment, l’éditeur est en train de se brouiller avec les joueurs à cause de son comportement. Il est impossible que Konami ne s'en aperçoive pas. « Pas de problème, je ne me sens pas du tout offensé » répondait
Tora Shiro (qui travaille pour la branche américaine de Konami) à un joueur très mécontent
sur NeoGaf. « J’encourage toujours les fans à nous dire ce que nous faisons mal, afin que nous sachions dans quel domaine il faut que nous nous améliorons. » Espérons...
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P.T. s'est tristement KC...
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Mais si Konami semble être le coupable idéal dans cette affaire, il existe pourtant de nombreuses zones d'ombres que beaucoup de joueurs mécontents semblent ne pas se soucier. Soyons clairs, la liste des événements, citée ci-dessus, est composée de faits concrets qui sont tous aisément vérifiables aujourd'hui. Mais tout le reste, aussi possible soit-il, n'est que suppositions ou rumeurs. Hideo Kojima s'est-il fait virer ou a-t-il claqué lui-même la porte de Konami ? La réponse à cette question résoudrait bien des mystères...
Maintenant, oublions un instant que Konami soit également connus au Japon pour ses salles de fitness ou ses machine à sous. Konami est une entreprise. Les jeux AAA coûtent de plus en plus chers et les risques deviennent de plus en plus grands. Aujourd’hui, les consoles de salon n'ont plus beaucoup de succès au Japon, contrairement aux jeux sur mobile. Et certains de ces jeux se vendent bien plus qu'un
Metal Gear Solid, alors qu'ils sont moins coûteux à produire.
Depuis 2005, avec la création de Kojima Productions, Hideo Kojima a été chouchouté par Konami. « L’affaire Kojima semble dingue, mais en réalité elle ne me surprend pas » déclarait le journaliste
Andy Robinson le 27 avril dernier. « Il fait des jeux, allez quoi, tous les cinq ans ? Ses budgets sont énormes, mais pour quels résultats de ventes au final ? J’ai visité le studio de Kojima Productions l’année dernière et c’était très impressionnant. Konami donnait vraiment tout ce que le studio demandait. Or il arrive un moment ou il faut fixer des limites. » Pour illustrer ces propos,
le plateau du Kojima Station, ou
les tours du monde de Hideo Kojima lors de la sortie d’un Metal Gear, sont sans doute les meilleurs exemples. Peu de créateurs de jeux vidéo connaissent un tel traitement de faveur de la part de leur éditeur. Peut-on vraiment en vouloir à Konami d’avoir la volonté de réduire certains coûts de ce genre pour faire tourner leur entreprise ? En parlant de réduction des coûts je ne parle évidemment pas de ceux engendrés par une restructuration impliquant des suppressions d’emploi dont on n’est même pas sûr qu’elle a bien eu lieu ni de quelle manière.
Quoi qu'il en soit, la fin de la collaboration entre Konami et Hideo Kojima n’est pas une première. On pourrait presque parler de suite logique.
Shinji Mikami (
Resident Evil),
Hironobu Sakaguchi (
Final Fantasy),
Keiji Inafune (
Mega Man),
Tomonobu Itagaki (
Ninja Gaiden) ou encore
Koji Igarashi (
Castlevania) pour ne citer qu’eux, sont tous des grands noms japonais qui ont divorcé avec leurs éditeurs avant de créer leur propre studio
[ou presque, il faudra encore attendre un peu avant de savoir ce que mijote Koji Igarashi]. Oui, il existe bien une vie après le divorce. Peut-être même que Hideo Kojima est en train de se réjouir impatiemment de cette futur liberté,
lui qui a toujours été hanté par n’être que le Monsieur Metal Gear.
Avec ce modeste édito, je n’essaie pas de défendre Konami ou Hideo Kojima dans cette affaire. Comme beaucoup, je suis très déçu par ce spectacle dont nous sommes tous témoins. Mais je constate que de nombreux joueurs blâment trop vite un camp ou un autre, plutôt que d’attendre le fin mot de l’histoire. L’actualité de Kojima Productions nous a souvent montré que beaucoup de gens tiraient des conclusions trop rapidement. Ont-ils déjà oublié de s'être trop vite emportés, sans raison qui plus est, pour un
Kojima Station et son chapeau poulet ?
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L'équipe de Kojima Productions et Akio Otsuka, le 26 décembre 2014.
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