Jusqu’à présent,
The Guardian nous avait toujours habitué à des interviews intéressantes. La dernière traitait de l’enfance de
Hideo Kojima et ses débuts avec
Yoji Shinkawa chez Konami, accompagnée de nombreuses anecdotes inédites (
Lire : Hideo Kojima : Le cinéma, une affaire de famille !). Aujourd’hui, le site britannique continue sur sa lancée en nous gratifiant d’un nouvel entretien qui s’est tenu dans
la fameuse salle maquillée aux couleurs de
Metal Gear Solid V : The Phantom Pain, lors de l’E3 2014. Exit donc les questions habituelles des journalistes trop souvent peu inspirés. D’emblée, Simon Parkin pointe un sujet controversé de
Metal Gear Solid V, celui du Camp Omega qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Guantanamo.
« Dans le passé, les États-Unis étaient le centre du monde, le lieu où tout se passait » explique Hideo Kojima. « Je pense que mes histoires ont toujours cherché à mettre cela en question, peut-être même en le critiquant. Mais la situation est en train de changer. L’Amérique n’est plus considérée comme étant le centre du monde. Ainsi, j’en tiens compte dans mes histoires pour coller à la réalité. »
« [Guantanamo] m’a très certainement influencé pour Ground Zeroes. Hollywood ne cesse de présenter l’armée américaine comme étant les bons qui battent toujours les extraterrestres ou les étrangers. J’essaye de changer cette idée. Ces films ne peuvent pas être la seule façon de regarder l’actualité. J’essaie d’apporter un regard différent à ce sujet dans mes jeux. »
En parlant de films, vous n’êtes pas sans savoir que Hideo Kojima est un véritable cinéphile. Les nombreuses cinématiques de Metal Gear Solid montrent, entre autres, combien le papa de Snake aime le septième art. Mais d’après Hideo Kojima, MGSV marquera un tournant dans la série. Si dans
Ground Zeroes, les cinématiques se comptent sur deux doigts d’une main, l’humour marque également le titre par son absence. Toutefois, le vaste monde de
The Phantom Pain changera la donne, à l’image des moutons volants.
« Il est probablement plus facile de maintenir l’intensité et le sérieux pendant les 90 minutes d’un film » continue Hideo Kojima. « Mais dans un jeu à un monde ouvert, cela devient éreintant, démotivant et même inintéressant pour le joueur. Pour éviter cette fatigue, j’essaie d’interrompre cette lourdeur avec de l’humour visuel dans le monde de The Phantom Pain. »
« J’adore les films mais si je devais en réaliser un, j’userais d’autres méthodes que celles pour créer un jeu. Certes, ces méthodes renforcent mes histoires, mais elles restent spécifiques aux jeux vidéo. »
« Le message [dans MGS] fait référence aux dangers des armes nucléaires » poursuit Hideo Kojima. « Mais il ne s’agit pas simplement de le dire au joueur. À travers le jeu, le joueur est invité à construire une base militaire. Mais lorsqu’elle atteint une certaine taille, le monde prend conscience de votre existence et, dans un sens, vous devenez une menace. Les pays commencent à vous attaquer. »
« À ce stade, je donne la possibilité au joueur de réfléchir sur le fait d’acquérir une arme nucléaire, en vue de dissuader ces attaques. Une sorte de menace. Ceci illustre le cycle des armes nucléaires, ce qui motive les peuples et les nations à entrer dans ce système. C’est quelque chose que vous ne pouvez faire que dans les jeux vidéo. »
« Dans les jeux, il est difficile de présenter les relations complexes entres les personnages. Dans les films vous pouvez varier les différentes scènes d’action avec d’autres types de scènes. C’est plus ardu dans un jeu car vous suivez généralement un personnage unique. Si vous changez de personnage, cela rompt l’immersion. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de jeux à l’heure actuelle sont des FPS. Raconter une histoire dans laquelle le joueur « n’interprète » pas le personnage principal est compliqué. »
Metal Gear Solid V : The Phantom Pain est toujours attendu pour 2015 sur PlayStation 3, Xbox 360, PlayStation 4, Xbox One. À moins que...
The Guardian