Bien souvent, Hideo Kojima n’a pas la langue dans sa poche. On se souviendra de la dispute qui avait éclaté entre lui et son directeur de la technologie, pendant le développement de
Metal Gear Solid 4, où même la présence de la caméra du making of n’avait pas calmé les deux hommes. «Si vous ne pensez pas faire de l'impossible possible, à quoi bon faire des jeux vidéo?» avait expliqué
Hideo Kojima en évoquant son collègue, quelques mois après.
Cette fois, le papa de Snake se lâche dans une entrevue très intéressante accordée au magazine
Nintendo Power de ce mois de juin, où il revient sur son enfance et sur l’adaptation du premier
Metal Gear sur la NES.
« Quand j’ai grandi au Japon, j’ai été exposé à la culture occidentale à travers les films, les livres, la musique, etc. Cela a contribué à former ma conviction selon laquelle le sens de l’humour d’une personne est la facette la plus importante de son charme.
Metal Gear Solid est un jeu dans lequel vous avancez sans être découvert et le joueur éprouve une tension nerveuse continue, durant un certain temps. C’est pourquoi vous avez besoin de relâcher la pression de temps à autre. Je crois qu’en guidant stratégiquement la manière dont le joueur éprouvera des émotions dans le jeu, cela amènera le joueur à vouloir recommencer le jeu plusieurs fois.
D’ailleurs, créer une vague d’émotions juste avant un moment de tension permet d’élever encore plus haut la pression dans la scène suivante. Cette même technique est fréquemment utilisée dans l’humour des thrillers de Hitchcock. »
« Je n'avais absolument aucune implication dans le développement de la version NES. Cette version était un titre pitoyable développée à moindre coût par une petite équipe à Tokyo. C'était durant une période faste pour l’économie où n’importe quoi pouvait être vendu. Je suis tombé par hasard sur le jeu dans un bac où tout était soldé, et j’ai essayé d’y jouer. Mais le game design est assez mauvais. Il y a une base supplémentaire à infiltrer qui n'existe pas dans la version originale. Cependant, même en étant le développeur du jeu original, j’ai été incapable d’infiltrer cette base, ne fut-ce qu’une fois.
De plus, qui dit
Metal Gear, dit apparition d’un Metal Gear à la fin du jeu. Cependant, d’après ce que j'ai entendu, en raison des difficultés techniques dans l'affichage de sprite sur l'écran, ils ont échangé le Metal Gear par un "super ordinateur" [ndlr : qui contrôle l’activité de tous les Metal Gear]. Cela prouve bien que celui qui a réalisé le jeu n’avait aucun respect envers les joueurs. Toutefois, même si c’était une abomination, il est sorti à une époque où l’économie était florissante et le jeu s’est vendu à des millions d’exemplaires à l’étranger. Ce titre a seulement sali ma réputation. »
Quant à sa 'suite', Hideo Kojima n'y avait pas non plus été de main morte.
Souvenez-vous. C'était à l'occasion de
la keynote lors de la Game Developers Conference où, devant son auditoire, il avait qualifié
Snake's Revenge d'un vulgaire « jeu de merde » ! Pourtant aujourd'hui, le japonais semble avoir changé d'avis!
« Je n’étais pas non plus impliqué dans
Snake’s Revenge sur NES. Toutefois, le jeu a été créé par l’équipe de développement de Kobe et je ne le considère pas comme un 'mauvais jeu'.
En réalité, un de mes juniors travaillait sur
Snake’s Revenge et il m’avait dit, "Nous allons travailler sur une suite à
Metal Gear, mais ce que j’ai vraiment envie de voir c’est une suite réalisée par tes soins, Kojima-san." C’est en raison de cette demande que j’ai fini par faire
Metal Gear 2 sur MSX2. Si
Snake’s Revenge sur NES n’avait jamais existé,
Metal Gear 2 n’aurait jamais vu le jour, et il n’y aurait pas eu de
Metal Gear Solid sur PSone. »
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Deux exemples parmi les nombreuses modifications apportées à Metal Gear sur Nes. Ici, le début du jeu et sa fin contre Metal Gear... |
Nintendo Power - Juin 2011 -
The Snake Soup