Selon la légende, Hideo Kojima n’est jamais satisfait de ses propres créations. Elle n’est pas dénué de fondement, loin s’en faut ! On se souvient, à titre d’exemple, que le papa de Snake révéla, il y a quelques années, que son équipe n’avait pas pu réaliser tout se qu’elle aurait bien voulu faire dans Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle y réussira…

« Tout d’abord, je n’ai jamais créé quelque chose qui me satisfasse complètement, explique Hideo Kojima au micro de GamesIndustry à la Gamelab de Barcelone. Même si la technologie continue à évoluer, je ne pense pas que je serai capable d’y arriver un jour. Créer consiste à transformer des choses impossibles en des choses possibles. Des choses que vous souhaitez être en mesure de faire. Mais si j’arrive un jour à créer ce dont je désire vraiment, alors j’arrêterai très certainement de créer des jeux vidéo. »


L’une des raisons pour laquelle Hideo Kojima est bien souvent insatisfait résultent des limitations techniques des consoles actuelles. Mais depuis de très nombreuses années, Kojima Productions s’est donné comme ligne de conduite de rendre principalement l’impossible possible. "Metal Gear est né des limitations du hardware, la série a avancé avec les consoles pour atteindre de nouveaux sommets" expliquait-il déjà à son auditoire lors de la Game Developers Conference en 2009.   

« Avec la technologie récente, les expressions sont de plus en plus présentes dans les jeux vidéo. Nous sommes capable d’y ajouter, en plus des différences culturelles de chaque pays, des différences raciales. Nous faisons face à une situation similaire à celle que faisait face Charlie Chaplin lorsqu’il fut confronté à l’effondrement du cinéma muet. Avant, il n’avait pas besoin de mot pour s’exprimer dans ses films, mais du jour au lendemain il a été obligé d’en employer pour rester sur le devant de la scène. »

Hideo Kojima tient peut-être ici l’un des véritables problèmes du jeu vidéo japonais qui est loin d’exceller de nos jours. Les japonais auraient-ils raté le coche  de la technologie à l’image d’un acteur de cinéma muet dont la voix horrible, boudée par le public pour le cinéma parlant, stoppa net sa carrière ? Ne soyons pas aussi alarmant, mais la piste n’est pas dénuée d’intérêt.

« Avec l’augmentation des expressions dans les jeux vidéo, je pense qu’il est important de mieux s’en servir. Avant, lorsque les game directors utilisaient un cadre japonais, comme Tokyo par exemple, il n’existait pas de barrière culturelle pour le reste du monde parce que la technologie ne pouvait pas vraiment présenter le Japon ou un autre endroit. Aujourd’hui, c’est possible et ça devient donc plus difficile. Au lieu d’utiliser un cadre japonais, les jeux doivent devenir plus hollywoodien. »

En effet, la sortie d’un GTA se déroulant dans une grande ville américaine, c’est l’assurance que le titre se vende par millier dans le monde entier. En revanche, il n’est pas certain qu’un GTA évoluant exclusivement dans la Ville Lumière, par exemple, attire les joueurs américains. C’est d’une tristesse mais c’est comme ça…

GamesIndustry